Alors que la famine achève la population gazaouie, l'État réprime toujours plus la solidarité envers le peuple palestinien. Nous sommes à un tournant. En Belgique, le gouvernement a décidé de faire de Samidoun – le réseau international de solidarité avec les prisonniers palestiniens – la première cible de son nouveau projet de loi visant à interdire des « organisations radicales ».
Ce qui se joue ici n’est pas seulement l’histoire d’un collectif, c’est une démonstration du chemin que nos gouvernements de droite entendent emprunter : museler, criminaliser, intimider les voix qui osent dénoncer l’injustice, les oppressions. Face à cela, il faut être clair•es : ce n’est pas la lutte qui est extrême, c’est la barbarie d'Israël et la passivité de nos dirigeants.
D'autres collectifs sont mentionnés par le ministre suite au rapport de l'OCAM, organe de surveillance en Belgique. On y trouve entre autres Code Rouge et puis, suite à son récent succès dans les blocages de masse d'entreprises pro-génocide (OIP et Syensqo), Stop Arming Israel a également été épinglé par le gouvernement.
Rappelons que l'OCAM cache cette violence d'État et sa traque aux militant.es derrière le prétexte de "menace envers l'État de droit", un concept tout à fait abstrait qui traduit bien l'objectif hypocrite de la démocratie bourgeoise : protéger la destruction du climat, le génocide à Gaza et l'exploitation capitaliste.
Les chiens de garde de l'impérialisme ne sont pas à leur 1ère tentative pour désorganiser notre camp. Au même moment, au Royaume-Uni, Palestine Action est désormais classée comme organisation terroriste depuis le 5 juillet 2025, et exprimer son soutien, même par un simple slogan, peut mener à 14 ans de prison. Des dizaines de manifestant·es ont déjà été arrêté·es dans plusieurs villes britanniques, dont des personnes de plus de 80 ans.
Comme Stop Arming Israël, Pal Action revendique un type d'action directe non violente – tags, peinture sur propriétés d'entreprises israéliennes, occupation symbolique pour dénoncer les complicités avec les crimes de guerre en Gaza. Le fait qu'iels soient maintenant classé•es "terroristes" dans une "démocratie européenne" de 2025, ou que des manifestant·es pacifiques soient arrêté•es pour tenir des pancartes de soutien, montre le danger : protester est devenu un crime.
Début juin, la Jeune Garde, principal réseau antifasciste français, a été dissoute par Macron sous les applaudissements allant du centre à l'extrême-droite. En Belgique, les mobilisations quotidiennes pour la Palestine à la Bourse de Bxl sont sans cesse harcelées par la police ; plus de 100 étudiant·es bxlois·es ont aussi été poursuivi·es en justice pour leur occupation de l'ULB ; le rectorat de l'Uliège a aussi opté pour la violence en envoyant la police expulser l'occupation.
Enfin, Mohammed Khatib (coordinateur Samidoun) enchaîne les arrestations arbitraires, les menaces de retrait de titre de séjour et les intimidations policières.
De la même manière, Mouhad qui milite à Bruxelles Panthères, est sans cesse rappelé par le Tribunal Correctionnel et assimilé à un “terroriste” dans un élan islamophobe à la tête duquel on retrouve l’innomable Nadia Geerts. Cette plainte qui traine depuis janvier ne sert qu’un but : épuiser un activiste et son collectif. Aujourd’hui c’est Samidoun qui est visé, demain ce seront les collectifs pour la justice climatique, puis les mouvements queer, féministes, antiracistes. On peut déjà voir cette logique en action : en Belgique, des militant.es pro climat ou féministes sont surveillé·es, et parfois inquiété·es sous motif de sécurité ou radicalisation.
Cette répression de nos gouvernements libéraux incarne concrètement leur rôle dans ces périodes de crise : casser la gauche et servir de marchepied à l'extrême-droite. À nouveau, l'État teste nos limites et cherche à arracher plus de terrain qu'il ne peut en prendre. Il n'y a pas de miracle, il nous faut une réponse politique et collective à la hauteur de l'attaque qu'on nous présente.
Dans l’histoire, les luttes populaires ont toujours triomphé face aux attaques de l'État : les mouvements ouvriers, les mobilisations anticoloniales, les mouvements LGBTQIA+, les collectifs féministes — tous ont un jour été diabolisés. Souvenons-nous comment dans les années 60, les militant·es noir·es pour les droits civiques aux États-Unis étaient qualifié·es d’extrémistes. Pourtant, c’est bien grâce à leur mobilisation que le droit de vote et l’égalité des droits ont avancé. Ces victoires n’arrivent pas toutes seules, mais par le courage et la solidarité populaire.
Nous devons nous préparer à l’intensification de la répression. Notre force, c’est notre nombre et notre organisation. Votre présence compte : dans la rue, dans les AG, dans les occupations, dans les piquets, sur les réseaux, il faut réagir. Sortir ses proches de la passivité et construire une atmosphère de solidarité contre la répression sont des tâches pour tout·e militant·e, collectif, syndicat ou parti aujourd'hui.
Nous ne pouvons compter que sur la lutte et la force du collectif pour interrompre ce processus, et pour ça évidemment nous vous appelons à serrer les rangs. Nous nous tenons aujourd'hui aux côtés de Samidoun et demain aux côtés de toustes celles·eux attaqué·es. Nous appelons à rejoindre la solidarité : organiser des rassemblements, interpellez vos élu·es, briser l’isolement des militant·es persécuté·es. Nous appelons les collectifs de gauche et d'extrême-gauche à soutenir Samidoun, Code Rouge, Stop Arming Israël, publiquement et sans ambiguïté. La FGTB, la CSC et le PTB doivent prendre parti. N'oublions jamais notre responsabilité collective de défendre nos camarades. Chaque action, chaque message, chaque geste compte : contactez-nous et rejoignez-nous. Nous appelons aussi toutes les organisations à lutter par tous les moyens possibles contre ce projet de loi qui est un pas significatif vers le fascisme en marchant sur les libertés d'association, d'expression et de manifestation.
Au coeur de la forteresse impérialiste occidentale, ensemble, nous montrons que la solidarité n’est pas un crime. Soutenir Samidoun aujourd’hui, comme les militant•es de la justice climatique, des droits queer et féministes : c’est un seul et même combat, pour construire un futur où personne ne sera plus jamais muselé•e.
Free Palestine, de la rivière à la mer
Signataires :
Cercle Féministe ULiege ;
EGA - Étudiant.e.s de Gauche en Action ;
LiegeOccupationFree ;
FAL - Front Antifasciste Liège ;
AFA Bxl - Action Antifasciste Bruxelles ;
Coordination Résistances/Veillées ;
FAB - Front Antifasciste Bruxellois ;
Collectif Antifasciste Luxembourg ;
MonsAntifa ;
Collectif des Femmes qui l'ouvrent ;
Commune Colère Bruxelles ;
Union Communiste Libertaire Bruxelles ;
Commune Colère Liège ;
Rouge! ;
Gauche Anticapitaliste ;
JOC - Jeunesse Organisée et Combative ;
Transpédégouine ;
ROSA Bruxelles ;
Barbaria Collective ;
Gang des Vieux en Colère.
