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 Ils veulent désarmer la résistance… mais pas le sionisme !




En août 2025, sous la pression directe des États-Unis et d’Israël, le gouvernement libanais a accepté de lancer un plan visant à désarmer le Hezbollah. Officiellement, il s’agirait d’une mesure pour stabiliser le pays et éviter une nouvelle escalade régionale. Mais sur le terrain, les bombardements israéliens se poursuivent sans relâche, et la simultanéité de ces frappes avec le projet de désarmement donne un tout autre visage à l’initiative : en réalité il ne s’agit pas d’apporter la stabilité au Liban, mais d’une tentative calculée pour affaiblir la résistance et remodeler le rapport de forces au Moyen-Orient au profit des puissances occidentales et de l’État d’Israël.

Contradictions libanaises et colère sociale

Le Hezbollah occupe une place centrale dans cette équation. Depuis les années 1980, il a infligé plusieurs défaites militaires à Israël et reste la principale force armée capable de protéger le Sud-Liban des agressions. Dans un pays où l’armée nationale, sous l’autorité d’un gouvernement pro-occidental, se contente de rester spectatrice des frappes israéliennes, le mouvement est encore perçu par une large partie de la population comme un rempart indispensable. Neutraliser cette force donnerait à Netanyahou ce qu’il n’a jamais réussi à obtenir sur le champ de bataille : la désorganisation du front régional de résistance et l’isolement de Gaza, ouvrant la voie à une réorganisation coloniale de l’ensemble de la région.

Le plan proposé par Washington, déjà approuvé par le gouvernement libanais, prévoit plusieurs étapes. En premier lieu, l’armée libanaise est chargée de reprendre les armes du Hezbollah et des autres milices, processus qui a déjà démarrer avec le désarmement des milices de l’OLP situé dans les camps de réfugié palestinien dans la banlieue Sud de Beyrouth, ceci avec le soutien du Fatah. Ceci sera suivi d’ici fin d’année par le démantèlement des missiles et des drones. En échange un retrait  israélien limité serait concédé. Mais cette feuille de route n’est pas neutre : les États-Unis utilisent une combinaison de sanctions, de pressions militaires et de promesses de reconstruction conditionnelle pour imposer leur calendrier. Derrière le discours humanitaire, c’est une stratégie d’affaiblissement politique et militaire qui se déploie.

Pour autant, le Hezbollah n’est pas exempt de contradictions. En interne, le mouvement conserve une direction bourgeoise et réactionnaire, loin des aspirations populaires. Depuis 2005, sa participation aux gouvernements successifs l’a conduit à gérer le statu quo confessionnel tout en consolidant son contrôle social sur les masses chiites précarisées. Pire encore, en 2018 et 2019, le Hezbollah a soutenu les plans d’austérité dictés par le FMI :

  • gel des embauches et des investissements publics
  • hausse de la TVA et des droits de douane
  • baisse des subventions sur des produits essentiels comme l’énergie ou la farine.

Ces politiques ont contribué à déclencher la révolte populaire de 2019, la Thawra, où la jeunesse et les travailleurs se sont soulevés contre l’austérité, le confessionnalisme et la corruption. Face à ce mouvement, le Hezbollah a choisi la répression, envoyant ses milices pour contenir les manifestations et protéger sa place au sein du système. Sur le plan sociétal, le mouvement défend également des positions conservatrices : il soutient un code pénal criminalisant les rapports “contre nature” et s’oppose à toute réforme du droit de la famille, ce qui perpétue les inégalités entre hommes et femmes, notamment en matière d’héritage et de droits des enfants.

Refuser le narratif colonial, articuler les luttes : le front unique anti-impérialiste

Cette ambiguïté nourrit la stratégie américaine, qui tente d’exploiter la colère sociale contre le Hezbollah pour faire passer son plan de désarmement. Mais pour les révolutionnaires, la tâche consiste à refuser ce narratif libéral qui présente l’impérialisme occidental comme un acteur neutre ou pacificateur. Critiquer les contradictions du Hezbollah, oui, mais sans perdre de vue la boussole fondamentale : la défaite d’Israël et la lutte contre toutes les formes d’ingérence impérialiste. Cela implique de lier la contestation sociale à la défense d’un programme socialiste et internationaliste, capable de s’opposer à la fois à la domination des élites locales et à l’offensive coloniale régionale.

Dans ce contexte, la stratégie révolutionnaire repose sur une ligne de crête : indépendance politique totale vis-à-vis des directions bourgeoises, mais unité militaire avec toutes les forces qui résistent concrètement à l’impérialisme. Ce n’est ni du pacifisme abstrait ni une posture de neutralité : c’est reconnaître que chaque confrontation militaire contre Israël et ses alliés ouvre des brèches où peut se reconstruire une alternative politique. La guerre en cours doit devenir un terrain de politisation et d’auto-organisation, où les masses populaires peuvent reprendre l’initiative, à la fois contre les élites libanaises, les régimes réactionnaires de la région et les impérialismes occidentaux.

La Palestine comme Boussole

Ceci doit être nécéssaire lié à la question de la libération de la Palestine, comme le rappelle Georges Ibrahim Abdallah, figure emblématique de la résistance libanaise : « Si nous voulons la liberté, nous devons nous mobiliser autour de Gaza, avec la résistance. La Palestine restera notre boussole. » Dans cette perspective, toute tentative de désarmement de l’axe de la résistance sert les intérêts d’Israël et renforce l’ordre colonial. La réponse ne peut être que l’unité des forces régionales contre le sionisme, via un soutien inconditionnel à Gaza et la construction d’une alternative révolutionnaire, enracinée dans les luttes sociales autant que dans la résistance militaire.



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