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Déclaration pour une recomposition d’une force révolutionnaire en Belgique !

Rupture!


Nous sommes un collectif en construction, modeste mais déterminé à lutter contre l’exploitation et toute forme d’oppression. Certain·es d’entre nous portent plus de vingt ans d’expérience dans le mouvement ouvrier ; d’autres se sont formé·es dans des combats plus récents. Nous sommes des délégué·es syndicaux, des soignant·es, des enseignant·es, des travailleur·ses sans-papiers, des salarié·es de l’industrie pharmaceutique et des militant·es engagé·es dans des collectifs comme ROSA, Étudiant.es de Gauche en Action, La Santé en Lutte, la Coordination Antifasciste de Belgique, Commune Colère ou dans les mobilisations pour la Palestine.


Pour la grande majorité, nous sommes des militant·es exclu·es du Parti Socialiste de Lutte (PSL) en juin 2025. Cette exclusion n’est pas un accident, mais l’aboutissement d’une longue crise politique et organisationnelle. Le PSL s’est avéré incapable de se renouveler face aux bouleversements de notre époque.


Nous avons tenté constructivement et patiemment de proposer à nos camarades une refondation révolutionnaire. Nous avons défendu une remise à zéro stratégique et organisationnelle. Nous avons proposé une rupture politique visant à revisiter de manière critique notre courant historique, nos traditions, à apprendre à tirer des bilans clairs et, surtout, à avancer dans la reconstruction d’un projet révolutionnaire adapté à la situation actuelle. Face à nos constats et en partant de nos expériences dans les luttes, nous avons formulé de nombreuses idées, comme la construction d’une véritable culture interne de discussion, une refonte radicale de la démocratie interne, la construction de liens avec les nouvelles générations militantes, le développement d’un travail syndical révolutionnaire, l’implication active dans les collectifs de lutte, ainsi qu’une rupture assumée avec l’adaptation au réformisme face aux échecs de Syriza, Podemos ou du NFP, etc. 


Un groupe de camarades, s’appuyant sur l’appareil du parti, a choisi la fuite en avant en provoquant un arrêt immédiat à toute discussion. Devant le blocage de ce processus, nous avons décidé de continuer notre combat en nous engageant dès aujourd’hui dans un processus de reconstruction révolutionnaire, communiste, féministe, antifasciste, internationaliste et véritablement enraciné dans les luttes de la classe travailleuse. Un projet qui refuse tant l’adaptation au réformisme que le repli sectaire, mais qui cherche à se confronter à la période, à dialoguer, à s’ouvrir et surtout à agir.


Rouge! 


Pour cela, nous lançons “Rouge!” : un média militant qui vise à être un point d’appui pour celles et ceux qui, dans les luttes, dans leurs syndicats, dans leurs collectifs, dans la gauche révolutionnaire, veulent débattre, s’outiller, se former et s’organiser.


Nous sommes convaincu·es que c’est à partir des grèves, des collectifs de lutte et des mobilisations sur le terrain que nous pourrons reconstruire une organisation révolutionnaire vivante, ancrée dans la classe travailleuse, démocratique, inclusive et capable de parler à une nouvelle génération de militant·es. 

Nous réaffirmons que la classe ouvrière, dans toute sa diversité, féminisée, racisée, précarisée, queer, demeure la force motrice de toute transformation révolutionnaire. Par sa place centrale dans la production, elle seule peut renverser l’ordre capitaliste. C’est à partir de son auto-organisation, de sa mémoire combative et de ses aspirations, que peut se reconstruire une nouvelle conscience de classe. Nous voulons contribuer à l’émergence d’une nouvelle avant-garde ouvrière, capable de porter une émancipation radicale unissant exploité·es et opprimé·es.

Mais pour rendre cette perspective possible, la gauche révolutionnaire doit se confronter à une question cruciale : sa gestion des violences sexistes et sexuelles et son échec à la traiter comme un enjeu politique à part entière. Notre expérience a illustré les limites d’un fonctionnement vertical, opaque et dépolitisé. Plutôt que de permettre aux victimes de trouver justice et réparation, ces méthodes ont souvent produit du silence, de la violence ou simplement un report des problèmes à plus tard. Cette incapacité à aborder ces questions de manière prioritaire, démocratique, collective et politique a participé à la rupture de confiance d’une partie des militant·es, en particulier les femmes, les personnes queer et racisées. Nous pensons que seule une approche collective, marxiste et féministe vivante, intégrée au cœur de la lutte des classes et de la vie organisationnelle, peut permettre de lutter contre les oppressions internes. Les mécanismes de gestion de plaintes, de soutien, de suivis, de médiation, de prévention ou encore de formation ne peuvent être sous la responsabilité d’un petit groupe; la compréhension et l'implication de toustes doit être une tâche politique fondamentale pour construire un espace de militantisme inclusif.

Réaction!

Nous vivons une séquence historique marquée par une intensification sans précédent des offensives impérialistes et réactionnaires. À Gaza, l’Etat israélien commet un génocide avec le soutien actif des puissances impérialistes. Ce crime est couvert et légitimé par les gouvernements occidentaux, y compris la Belgique. En Ukraine, après l'invasion de Poutine, une guerre réactionnaire oppose le régime de Zelensky, soutenu par l’OTAN, à la Russie au détriment des travailleur·euses et des classes populaires des deux pays.

Dans ce contexte, la militarisation s’accélère en Europe, tandis que se consolide de manière inquiétante une internationale réactionnaire. Il devient de plus en plus clair que le racisme, la transphobie, le nationalisme, le protectionnisme et l’austérité ne sont pas de simples dérives, mais des instruments centraux de la gouvernance capitaliste. Les forces d’extrême droite ne cessent de progresser, pendant que les partis traditionnels, tant de droite que de gauche, reprennent leurs thématiques sécuritaires et identitaires, tout en poursuivant leurs politiques antisociales.

En Belgique, la percée de l’Arizona accélère ce glissement. Les attaques contre la sécurité sociale, la criminalisation de la pauvreté, la stigmatisation des allocataires sociaux, la chasse aux migrant·es, la répression des mobilisations et les violences policières deviennent la norme. 

Cependant, cette situation n’est pas figée. On assiste, dans plusieurs secteurs, à une radicalisation de la lutte de classes et à des signes d’un possible saut qualitatif. Des grèves du secteur automobile chez les sous-traitants de Audi à Forest aux mobilisations étudiantes pour la Palestine, en passant par le mouvements contre l’Arizona, les luttes féministes, écologistes ou antifascistes, dans des initiatives comme Commune Colère ou la Coordination Antifasciste de Belgique, nous avons observé avec enthousiasme les prémices d’un réveil social. Ces mobilisations montrent que le notre camp social conserve un potentiel explosif. Malgré la répression, malgré le brouillard idéologique entretenu par les médias dominants et les bureaucraties syndicales, des brèches s’ouvrent, y compris dans des secteurs traditionnellement moins mobilisés. Les révolutionnaires doivent donc, non seulement se défendre contre les offensives réactionnaires, mais se préparer à intervenir activement dans les processus de politisation à gauche et dans les affrontements de classe en cours et à venir, en Belgique comme ailleurs.

C’est pourquoi nous pensons qu’il est urgent que les révolutionnaires se réorganisent pour faire face à cette crise profonde dans laquelle se mêlent militarisation, génocides, extrême-droitisation, effondrement écologique et offensive antisociale.

Recomposition!

C’est face à cette urgence que nous voulons contribuer activement à une recomposition de la gauche révolutionnaire en Belgique. Il ne s’agit pas pour nous d’un appel abstrait, mais de l’ouverture d’un véritable processus politique de refondation : stratégique, programmatique et organisationnel. Nous voulons faire émerger une dynamique collective, ancrée dans le réel, qui parte des luttes et des bilans, des convergences et des différends, pour construire une force capable d’agir dans cette période.  

Nous refusons l’idée qu’un groupe isolé puisse incarner à lui seul l’avenir révolutionnaire. Face à la fragmentation, à la perte d’orientation stratégique, à l’absence d’outils partagés, nous défendons une démarche de regroupement sur des bases claires : rupture avec le réformisme, centralité de la classe ouvrière, démocratie militante, intégration du combat contre toutes les oppressions à la lutte des classes et ouverture vers un internationalisme actif. Cette démarche implique de multiplier les initiatives de front unique offensif : proposer des actions et campagnes communes, interpeller publiquement les directions réformistes, organiser des cadres de mobilisation ouverts.

Nous adressons cette déclaration à toutes celles et ceux qui veulent participer à cette tâche : aux militant·es de notre camp social, aux organisations existantes, aux syndicalistes combatif·ves, aux collectifs de luttes. Ce que nous lançons avec Rouge! n’est pas une fin en soi, mais une proposition pour avancer ensemble, un pari politique formulé avec franchise et détermination, vers une nouvelle force révolutionnaire en Belgique !


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