
03/10/2025
Le 14 octobre, les syndicats appellent une nouvelle fois à une grande manifestation nationale contre les attaques du gouvernement Arizona. Des dizaines de milliers de travailleur.euse.s, jeunes et retraité·es se préparent à descendre dans la rue.
Ce gouvernement n’est pas “juste” de droite. L’Arizona est une véritable machine de guerre contre le monde du travail et les opprimé.e.s. Il veut nous faire travailler plus pour moins de salaire, détruire la sécurité sociale et les services publics tout en offrant des cadeaux fiscaux aux riches et aux multinationales.
Il frappe particulièrement les femmes : ses réformes de pension réduisent à nouveau leurs droits, la flexibilisation du travail aggrave la précarité dans les secteurs féminisés et la chasse aux malades de longue durée touchera d’abord celles qui sont majoritaires dans les situations de burn-out, tandis que le droit à l’avortement reste lui bloqué au frigo.
Dans le même temps, l’Arizona choisit d’investir des milliards dans l’armée pour atteindre les 2 % du PIB exigés par l’OTAN, au prix de coupes sociales massives. Tout en continuant de soutenir le génocide en Palestine, les gouvernements se préparent à mener de nouvelles guerres : encore une fois leurs intérêts à l'étranger causeront la mort ici comme là-bas.
À Bruxelles et à Liège, des travailleur.euse.s bagagistes ont refusé de collaborer à des vols vers Israël, et en Italie les salarié.es mènent des actions de grève pour Gaza afin d’imposer le changement aux gouvernements complices. En même temps, les autorités belges criminalisent les manifestations pour la Palestine et refusent le statut de réfugié à Mohammad Khatib, coordinateur de Samidoun : nous ne pouvons pas nous laisser faire. Notre combat ici fait partie de la même bataille internationale que celui du peuple palestinien pour sa libération.
En France le 10 septembre, les travailleur.euse.s ont pris en main leur destin et ont imposé une date et un objectif de lutte : ils et elles nous montrent la voie, à notre tour nous donner le ton et le rythme.
Le problème n’est pas la combativité, c’est la stratégie
Depuis un an, la colère est immense contre le nouveau gouvernement. Pendant toute la première moitié de 2025, à chaque appel, des dizaines ou des centaines de milliers de personnes ont répondu présentes. De nouveaux secteurs se mobilisent, comme la culture, les universités, le soin, le commerce, les pompiers ou l’associatif, aux côtés de secteurs plus traditionnels comme les transports publics (bus et rail) et l’enseignement. Le problème n’est pas la volonté de se battre : c’est la stratégie imposée par les directions syndicales.
Celles-ci, avec leurs journées saute-mouton, espacées et isolées, empêchent l’accumulation de forces et cassent la dynamique de la mobilisation. Elles répètent que les travailleur.euse.s ne peuvent pas se permettre plus d’une journée de grève. Or c’est faux. Ce qui démoralise, ce n’est pas de perdre une journée de salaire : c’est le manque de perspectives de combat et de victoire. Surtout, elles évitent d’appeler à une grève reconductible, qui reste le seul moyen de faire reculer le gouvernement.
Et si les directions syndicales s’obstinent à éviter l’affrontement, ce n’est pas par maladresse : leur rôle est de canaliser notre colère pour préserver le cadre de la soi-disant “concertation sociale”, c’est-à-dire de négociation avec le patronat et l’État. Tant qu’elles auront la main, elles chercheront à freiner la lutte plutôt qu’à l’organiser.
Un vrai plan de bataille
Le 14 octobre doit être un tremplin, pas un nouveau défouloir sans lendemain. Pour faire plier l’Arizona, il ne suffit pas d’une manifestation ou d’une grève isolée : nous avons besoin d’un plan de bataille qui monte en puissance. Cela signifie transformer la colère en une dynamique de grèves intersectorielles et interrégionales, capables de rassembler toujours plus largement, pour préparer la grève générale reconductible.
Une telle montée en puissance doit s’appuyer sur l’auto-organisation par la base, avec des assemblées générales dans les lieux de travail, des comités de grévistes, des coordinations interprofessionnelles, des caisses de solidarité et des piquets communs. Il y en a assez d’attendre le prochain appel de la tête du front commun syndical, il faut prendre la grève entre nos mains et décider collectivement et démocratiquement de la suite du mouvement. C’est ainsi que nous pourrons donner confiance, tenir dans la durée et préparer l’arme décisive de notre camp : la grève générale reconductible.
Mais cette grève ne peut pas être simplement défensive. Elle doit s’appuyer sur un cap politique clair, un programme offensif qui unifie les luttes et donne un horizon commun. Formuler des objectifs qui peuvent rallier l’ensemble de la classe travailleuse, les populariser et transformer l’addition de colères en une force victorieuse.
Quelle alternative politique ?
Beaucoup regardent vers le PTB. Mais son horizon reste parlementaire. En plus de s’adapter à la stratégie des directions syndicales, il mise sur les élections et les compromis avec les partis traditionnels, au lieu de construire une stratégie pour renverser le gouvernement par la rue et par la grève.
Des initiatives ont aussi émergé à la base, comme Commune Colère, dans diverses villes (Bruxelles, Liège, Namur, etc.), mais ce cadre n’a pas encore réussi à déborder les directions syndicales. Il faut, d’un côté, tendre la main aux syndicalistes combatif.ves, insatisfait.e.s de la stratégie actuelle du front commun et prêt.e.s à lancer des grèves reconductibles, et, de l’autre, exiger des directions syndicales un véritable plan de bataille.
Face aux attaques de l’Arizona, nous avons besoin d’autre chose : une force révolutionnaire et internationaliste, issue des luttes du monde du travail, du mouvement féministe, de la jeunesse qui refuse le génocide à Gaza, qui refuse les compromis avec les patrons et le gouvernement et relie nos combats ici à ceux des travailleur.euse.s et opprimé.e.s du monde entier.
Pour un bloc combatif le 14 octobre
C’est pourquoi nous appelons à constituer un bloc combatif dans la manifestation, en s’appuyant sur des cadres existants, comme Commune Colère. Ce bloc rassemblera toutes celles et ceux qui refusent de se contenter de journées isolées et qui veulent imposer aux directions syndicales un véritable plan d’action. Son centre de gravité doit être la grève générale reconductible, décidée et organisée par la base. C’est ainsi que la colère deviendra une force victorieuse et que nous pourrons faire tomber l’Arizona.
Préparer, nourrir et ajuster cette campagne pour la grève reconductible demande un point de départ : nous vous invitons à rejoindre les assemblées de lutte et le GT syndical dans votre groupe Commune Colère le plus proche.
Formons un bloc massif et combatif le 14 octobre !
Exigeons des directions syndicales un plan de bataille !
Préparons la grève générale jusqu’à la chute de l’Arizona !
Signataires :
Rouge !
Gauche Anticapitaliste
Révolution Permanente
ROSA Bruxelles et Liège
Etudiants de Gauche en Action